LES TEMOIGNAGES

Découvrez comment certains contribuent au développement durable

« Je voyais tout mon entourage travailler dans des grosses boites et je les voyais en dépérir »

Lydwine THIBAULT

29 ans

Fondatrice de

CocoriCo-Searching

 

Espace de réflexion et de recherche d’emploi en intelligence collective, cocoriCO rassemble des personnes qui s’interrogent sur leur travail. Comment redonner plus de sens à ma vie ? de boulot ou s’épanouir là où on est ?

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Avec son projet CocoriCo-Searching, Lydwine répond à l’objectif de développement durable n°8

Infos : objectifs de développement durable

Dans quel état d’esprit étiez-vous en tant qu’étudiant concernant la société ? Concernant votre avenir ?

En tant qu’étudiante, j’étais dans un Kot à projet à Louvain-La-Neuve, entourés de gens engagés. Après je n’ai jamais été vraiment dans le combat, dans les manifs… Je ne suis pas dans une optique de lutte, d’opposition, mais plus dans une optique de construction. J’ai commencé dans une voie artistique, et j’avais du mal à me projeter dans le monde du travail, mais je considérais que le travail ne devait pas être quelque chose de pénible, mais d’agréable, que je pouvais vivre de mon art. En arrivant sur le marché de l’emploi à la fin de mon Master, je voyais tout le monde dans mon entourage trouver du travail dans des grosses boites et je les voyais en dépérir…  Donc ça ne m’a pas spécialement donné envie de rentrer dans le monde du travail.

C’est donc la raison qui vous a plutôt poussée à vous diriger vers une aventure plutôt entrepreneuriale ?

Je n’ai pas décidé de me diriger vers l’entreprenariat, c’est plutôt le fruit d’un hasard. Enfin… J’ai plutôt eu un déclic un jour, après avoir cherché longtemps du travail sans avoir trouvé, alors que je n’avais jamais pensé à l’entreprenariat avant.

Concernant la fibre sociale de mon projet, ce n’a jamais été une fin en soi. C’est avant tout un choix lié à mon expérience, aux problèmes auxquels j’ai été confrontée : cette confrontation à une recherche d’emploi difficile, qui isole, qui fait qu’on perd confiance en soi, qu’on perd sa motivation, qu’on ne croit plus à son potentiel… Du coup je me suis dit, j’ai une solution à proposer, et je vais la proposer à tous les gens qui sont comme moi dans la même situation. L’objectif premier n’était donc pas de faire du social, mais vraiment de répondre à un problème que moi j’ai traversé et que j’ai vécu, en proposant cette réponse à d’autres.

Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vos premiers pas en tant qu’entrepreneur ? Vos principaux succès ? Vos principales difficultés ?

Une fois qu’une idée apparaît, tout de suite on s’emballe, avec la persuasion d’avoir trouvé la vérité. J’ai alors commencé à en parler autour de moi, à essayer de définir le concept. Et puis, très vite j’ai atteri chez Ustart pour une formation de 2 jours afin de poser un petit peu les bases de mon projet. Pendant quelques jours on essaie de définir une équation de rentabilité : je me suis vite rendue compte que ma première idée ne pouvait pas fonctionner, qu’elle n’était pas rentable, du coup j’ai pensé à laisser tomber. A la fin de ce programme de coaching, il fallait présenter le projet devant un public extérieur, et il se trouve qu’une des personnes de ce public adorait le projet, et a souhaité me coacher pour le mettre sur pied. Je me suis donc dit que si au moins une personne trouvait que cela en vallait la peine, peut-être qu’il fallait un petit peu persévérer, et je me suis alors lancée dans le bain. Et donc j’ai commencé toute seule, cela ne me faisait pas peur, parce que j’ai été pris en main par des coach chez JobYourself, j’ai assez vite acquis les bases théoriques pour monter son business. J’ai répondu à plusieurs appels à projets, je suis rentrée chez CoopCity, puis j’ai été rejoint par une amie, afin de monter le projet à deux. Très vite, nous avons commencé à tester. Après 6 mois, j’ai organisé la première session de recherche d’emploi avec un appel sur Facebook, sur la base d’une formule test. Puis on est peu à peu rentré dans une dynamique d’une session par mois, en essayant sans cesse de s’améliorer.

La première réussite, la première joie, c’est quand les gens nous appellent, très émus, pour nous dire qu’ils ont trouvé du boulot. C’est la preuve réelle que notre action avait un résultat.

La principale difficulté c’était de situer ce projet sur le long terme, étant donné qu’il se redéfinit tout le temps, en fonction des retours des partenaires. Mais également la problématique, ou plutôt le challenge du modèle économique, puisqu’on s’adresse à un public à priori fragilisé. Aujourd’hui les deux principales sources de revenus, c’est d’une part les participants qui peuvent laisser une participation libre et consciente à la fin de la semaine, parce que c’est tout à fait cohérent avec le modèle qui est de pouvoir redonner envie aux chercheurs d’emploi, qu’ils prennent conscience qu’ils ont toutes les cartes en main, et qu’ils puissent accorder la valeur à ce qu’ils ont vécu pendant une semaine, c’est eux qui se disent, c’est un réel investissement pour ma vie, et j’y accorde autant. D’autre part, nous sommes en train de développer un service d’outplacement pour les entreprises, financé donc par l’employeur, afin de permettre aux employés de retrouver au plus vite un emploi.

Qu’est-ce qui vous a inspiré vers ce modèle de coaching à la recherche d’emploi ?

C’est venu réellement de l’isolement de ma situation, et de savoir que tous les diplômés de mon année étaient dans cette même situation, chez eux en train de chercher. Et je me suis dit que c’était bête d’être chacun dans son coin.

J’ai été assez inspirée par les nombreux espaces de coworking qui naissaient à ce moment-là à Bruxelles, et cela m’a dirigée vers cette idée d’un « espace de coworking pour chercheurs d’emploi ».

Mes premières influences ont été mes lectures sur la recherche d’emploi, et notamment un blog, « Dessine-toi un emploi », qui donne des pistes assez insolites pour chercher de l’emploi. J’ai également participé à des formations à l’intelligence collective comme le fait notamment Collectiv-a. Après « intelligence collective » n’est pas forcément le terme le plus adapté. L’important dans notre concept, c’est que chaque personne qui participe aux sessions de recherche soit considérée comme une ressource, vu qu’elle apporte au groupe son expérience, sa connaissance du marché de l’emploi et son réseau.

Dans quelle mesure voyez-vous votre projet entrepreneurial comme une réponse aux défis sociétaux qui se posent aujourd’hui ?

Je constate qu’aujourd’hui en moyenne les jeunes diplômés mettent entre 6 mois et 1 an et demi pour trouver leur premier emploi. Et donc le projet de CocoriCo, c’est d’accompagner les gens qui veulent encore trouver du sens dans leur travail à pouvoir le faire. Tout en reconnaissant que l’on peut très bien trouver du sens en dehors de son travail, ce n’est pas le seul vecteur de satisfaction. Et donc nous, on souhaite accompagner les gens qui veulent trouver du sens dans leur vie.

Sur quel plan situez-vous la contribution de CocoriCO à la construction d’un avenir meilleur ?

Au-delà de chercher de l’emploi, CocoriCo veut permettre la réflexion, permettre aux gens de se reposer la question du sens de leur vie. Il y a beaucoup de gens qui viennent nous voir qui sont en post burn-out, et ils sont dans une phase dans laquelle ils se posent beaucoup de questions par rapport au travail. Cela permet donc cet espace de réflexion, et de se rendre compte que l’on peut choisir là où l’on souhaite travailler. Beaucoup ne se rendent pas compte que le travail n’a pas forcément à être quelque chose de pénible, mais ma génération n’a plus selon moi cette vision. Je rêve d’un jour où l’emploi sera fait sur mesure. Que le travail soit au service de l’Homme, et pas l’inverse !

Quel conseil souhaitez-vous adresser à la nouvelle génération des aspirants entrepreneurs ?

Si vous avez une idée, foncez ! Tout est possible, il y a plein de soutiens pour vous. Le monde de demain vous appartient, donc à vous de le façonner. Le risque en vaut la peine !

*This publication has been produced with the assistance of the European Union. The contents of this publication are the sole responsibility of POSECO and can in no way be taken to reflect the views of the European Union or of ALDA.