LES TEMOIGNAGES

Découvrez comment certains contribuent au développement durable

« Quand l’art est au service des rapprochements intergénérationnels »

Giulia SUGRANYES

40 ans

Fondatrice de

Labolobo et du projet MA

L’asbl Labolobo organise des activités d’échange entre enfants et personnes âgées, basés sur l’enrichissement mutuel qu’apportent les échanges intergénérationnels. L’art et la créativité sont le point central de ces activités.

http://www.projetma.eu/home-fr.htm

https://www.facebook.com/labolobo/

https://fr.linkedin.com/company/vzw-labolobo-asbl

Avec son projet MA, Giulia répond à l’objectif de développement durable n°10

Infos : objectifs de développement durable

Quel état d’esprit aviez-vous en tant qu’étudiant concernant la société ? Concernant votre avenir ?

J’ai fait des études artistiques et exercé en tant que danseuse contemporaine pendant 10 ans. Durant cette période d’études, la dimension sociale était toujours présente, ainsi que l’idée que l’on peut faire changer des choses dans le monde, que l’on a la responsabilité de toujours faire quelque chose qui a du sens pour le public. Cela m’a donné l’assurance que l’art est un vecteur absolu d’expression et de donneur de sens.

La période où je suis devenue mère a également chamboulé mon rapport au monde. D’une part je voyais que d’une part, étant une immigrée espagnole, que mes enfants allaient grandir sans avoir un lien direct avec les aînés. Je vivais donc une réelle rupture générationnelle. Combiné à cette recherche de sens, j’ai réellement souhaité faire en sorte de renouer ce lien intergénérationnel qui avait été coupé. Je l’ai matérialisé notamment dans mon projet de fin d’études, qui consistait en la création d’un lieu conçu pour accueillir des générations différentes.

Quels ont été vos premiers pas dans la création de ce projet ? Quelles ont été vos premiers succès ? Vos principales difficultés ?

Le début du projet MA, la création de l’asbl, est vraiment né de rencontres de personnes qui complétaient mes idées, des porteurs d’idées, qui m’ont donné l’impulsion. C’est notamment avec l’aide de Noémi Garel que le projet a réellement pris forme.

Il y a énormément d’aides en Belgique pour la création d’entreprises. Il y a 3 ans, j’étais allée à une réunion à 1819, et je me suis réellement dit que c’aurait été dommage de ne rien faire avec toutes ces aides. Nous sommes également lauréats de Blossom, de Coopcity, nous recevons de l’aide de Solvay Entreprendre et de Financité, mais aussi de plusieurs institutions. Par contre, c’est très chronophage de faire ces demandes de subventions, et il est de plus en plus difficile d’en obtenir. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle nous souhaitons de diriger vers une activité plus commerciale, afin d’être plus autonomes, et de nous permettre de consacrer notre temps à des activités plus productives

Dans quelle mesure voyez-vous votre projet comme une réponse aux nombreux défis sociétaux d’aujourd’hui ?

Il y a aujourd’hui un réel défi démographique en milieu urbain qui est très clair et connu de tous. C’est la première fois dans l’Histoire que 4 à 5 générations se côtoient. Il y a néanmoins, et surtout dans ces milieux urbains, une rupture entre les différentes générations, un isolement des aînés. La solitude tue dans les villes ! Il y a donc un réel besoin de cultiver la cohésion sociale. Je  pense qu’il y a beaucoup de familles qui n’ont pas de contact direct avec les générations de dessus, parce que la mobilité est aujourd’hui énorme : il y a beaucoup plus de familles déracinées qu’avant. On perd donc des liens qui sont puissants et positifs pour tous. Les aînés sont mis de côté, ils ne servent plus à rien, au contraire ils nous coûtent, ce n’est pas juste ! Notre projet réagit donc à ce paradoxe social qui est de voir une société qui fait tout pour rallonger la vie, mais qui en même temps ne valorise pas le fruit de ce progrès.

Pourquoi évaluez-vous ce lien intergénérationnel comme étant fondamental ?

Avec le projet MA, on apporte une solution à l’isolement des aînés, en faisant en sorte que toutes les semaines dans ces maisons de repos, il y ait des enfants qui viennent. On fait en sorte qu’il y ait une perméabilité entre les maisons de repos, les familles, les enfants. Pour les enfants, le travail est de la sensibilisation : il y a des enfants qui sont habitués à aller dans un Home depuis leurs 5 ans, qui y passent des bons moments, qui ne seront peut-être pas les mêmes adultes.  Tout le monde peut intégrer le projet, peu importe l’âge, l’état de santé, ou la sénilité.

Ce mal est assez typique des civilisations occidentales  et aboutit à une réelle précarité. La solitude peut réellement considérée comme une forme de précarité, alors qu’elle n’est pas liée au niveau socio-économique. 

Quel conseil souhaitez-vous laisser à la nouvelle génération des aspirants entrepreneurs ?

Veiller à ce qu’il y ait un sens. Si on perd le sens, on perd la motivation et on n’y arrivera pas. Le sens des actions est quelque chose de fondamental. Beaucoup de gens travaillent sans sens, mais ce n’est selon moi pas durable.

*This publication has been produced with the assistance of the European Union. The contents of this publication are the sole responsibility of POSECO and can in no way be taken to reflect the views of the European Union or of ALDA.